Pensées en vol

Publié le par Lucie Trellu

Voici ce soir quelques extraits choisis du petit carnet que je trimballe partout avec moi :

"L'écriture peut nous emmener si loin... Et la perfection de l'écrit est une aventure où l'on ne peut s'engager avec l'espoir d'en revenir indemne. Elle vous engage corps et âme et vous entraîne vers des abîmes délicieux et des sommets déroutants. Les mots sont une merveille autant qu'un démon."

"Chaque mot que trace la plume est un pas sur le chemin de la découverte de soi. Il faut prendre garde à ce que l'on écrit, car on se livre au travers des mots et l'enchaînement des phrases est comme une carte de nos espoirs et de nos doutes. Mais si l'on est prévenu et attentif, ce voyage peut être des plus formateurs, voire initiatique."

"La solitude est-elle réellement un fardeau ? Peut-être a-t-elle plus à m'apprendre que je ne l'imagine. Elle oblige à l'introspection, voire à la méditation. Une chose est sûre, cependant, c'est que l'on est seul plus souvent que l'on ne croit. Peu de personnes ouvrent vraiment notre univers, et ces rencontres sont précieuses, ce sont les joyaux de la vie."

"Ombres mouvantes dans mon esprit me narguent et me fuient. Images confuses, paysages lointains, refuges de ma tristesse, havre de mes souffrances, se refusent à nourrir ma plume, à guider mon esprit rasséréné. Les jours sombres ont-ils cédé la place aux jours heureux dans les replis de mon inspiration ? Oui, le visage pâle et torturé de ma Muse se pare dorénavant d'une chevelure dorée et dans ses yeux scintillent les étoiles qui dessinent la route où porter mes mots. Son sourire se fait doux, et la musique de son rire ravit mon âme. Mais je ne dois pas oublier qu'à tout moment le voile sombre de la mélancolie peut retomber sur sa face et masquer l'éclat de sa joie tranquille. Je me dois de nourrir sa douce lumière de l'étonnement quotidien devant le merveilleux du monde."

Cette dernière phrase illustre bien l'enjeu du moment en mon coeur. Profession de foi datant de février de l'année dernière, et pourtant toujours aussi vraie. J'espère, j'ose croire, que ce regard pétillant, étonné et malicieux, plein d'espoir et d'humour, je saurai le porter chaque jour sur le monde jusqu'à la fin. Il paraît parfois voilé de tristesse, de stress ou de désillusion, mais si je me recentre et que je regarde au fond, tout au fond, la petite fille qui danse sur un pied en riant est toujours là. C'est elle qui m'a guidé en bien des instants, et toujours elle m'a été fidèle, pulsion de vie plus forte que tout, même que la complaisance dans le malheur, pourtant si facile.

Plus la joie est simple et plus elle est intense. Les moments que je partage avec les gens que j'aime sont parmi les plus fort, ceux qui laissent les traces les plus profondes, et que je recherche le plus ardemment. Et bien que j'ai appris récemment les vertus du noble silence, les mots conservent à mes yeux (ou devrais-je dire plutôt à mes doigts ?) une saveur toute particulière. J'aime écrire, peaufiner, et lire devant l'assemblée le résultat de la lente maturation, mais aussi improviser une histoire, suivre le fil de l'inspiration du moment, et partager, avec ses maladresses et sa fraîcheur, l'enthousiasme du récit ou de la théorie qui se construit dans l'énergie du moment.

Oui, les mots font partie de moi aussi sûrement que les atomes, et de même ils ne m'appartiennent pas, mais constituent mon être en réponse à une attraction mystérieuse qui les assemble et les maintient unis. Et où se situe mon essence, si ce n'est dans la vibration qui les parcourt et fait résonner en eux un écho primordial en réaction à un instant d'harmonie ou d'émotion intense ? Cette vibration qui produit des larmes ou des poèmes est ce qui me constitue plus sûrement que toute pensée.

Car il y a pour moi une différence fondamentale entre les pensées qui s'emballent, s'entrechoquent et divaguent sans fin dans mon esprit (remontées de souvenirs, appréhensions, choses à faire, fantasmes...), et la danse des mots sous ma plume. De l'un à l'autre, la vibration de mon être vient féconder le bavardage intempestif de mon esprit. Il peut arriver, bien sûr, trop souvent, que ce babillage vienne s'encrer sur la page, mais dès que je suis recentrée sur l'instant présent et la vibration de moi-même, la clarté se fait dans mes mots, et il est aisé par la suite de démêler sur le papier les moments de bavardage mécanique et les instants d'inspiration, de respiration de l'esprit.

Voilà pour ce soir. Ce petit carnet m'aura emmenée bien plus loin que je ne l'aurai imaginé, mais je ne me plaindrai pas, c'est cette magie des mots que je souhaite cultiver... 

Publié dans Journal

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M
Isalise a parcouru les années de ton enfance pour se faufiler dans les arcanes de la planète informatique. J'ai tout plein d'émotions à trouver sur la toile ta danse des mots, fragile, passionnée, tendre aussi.Merci de cette éclosion à l'intime de l'autre, je jubile d'écouter ce verbe lumineux,je suis fière de ma fille!<br /> Merci<br /> MAMAN
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