Erebhsifael - Premier bain sur la Pierre

Publié le par Lucie Trellu

Le ciel est bas, les nuages lourds d’une pluie prochaine ; la terre sous mes pieds exhale une chaleur sèche qui m’oppresse. Mais quand donc l’a-t-elle emmagasinée ? Il me semble que je n’ai vu le bleu du ciel depuis des semaines.
Tant de vert riant autour de moi, arbres enfeuillés comme au printemps, herbe grasse et drue, fleurs comme des récipients pour la couleur de mes rêves enfuis, tant de vert et cette chaleur obsédante qui continue à sourdre de la terre, poussière, cailloux, graminées jaunes et folles, comme une brûlure dans mon cœur.
L’eau du ruisseau qui me nargue, à quelques pas sur la gauche, fait un bruit de mer, d’Océan, un appel qui s’immisce et me dit : « Viens, viens, mais craint de blesser la beauté qui t’environne par le soleil qui t’auréole. »
J’arrive en haut de la colline. Qu’y a-t-il derrière ces nuages ? Où est le soleil ? Il y a une pierre plate au bord du chemin. Elle est grande, lisse, accueillante. Je m’assied. Elle est brûlante, mais la fatigue m’empêche de réagir. Je laisse le feu secret monter en moi, je m’en saoule comme d’une liqueur impossible, mortelle. J’ouvre les yeux sur les nuages soudain blancs, comme plus fragiles, diaphanes. Non, c’est le ciel, blanc de lumière, le soleil qui m’illumine, m’offre sa clarté royale, présent empoisonné mais délicieux.
Toute ombre s’écarte de mon cœur, de mon âme, avec un soupir triste. Je ne suis plus que lumière éclatante, je suis Phos, Thermaphos, le soleil descend à ma rencontre et je le bois par tous les pores de mon corps dilaté de bonheur pur. J’oublie l’eau du ruisseau, les arbres verts, la terre sèche, la brise légère, le métal froid et la pierre immobile. Je suis le Feu, la lumière dans toute sa chaleur splendide.

Publié dans Sûl

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