Egée

Publié le par Lucie Trellu

Toujours. Toujours à mes pieds la mer. Toujours à mes narines des odeurs océanes. Toujours à mon cœur l’espérance. Toujours à mes yeux l’écho triste de l’absence sur l’horizon. Aucune voile sur la mer, ni noire, désespoir, ni blanche, unique chance.

Parfois une main sur mon épaule réchauffe mon cœur. Souvent mon regard accroche une voile grise ou marron et mon esprit la fait blanche pour un instant. Le temps d’un battement de cœur qui résonne jusqu’à l’île. J’ai depuis longtemps versé toutes mes larmes ; parfois une inconnue vient me prêter les siennes.


Ce soir leur départ distant d’un mois ôte toute raison d’être à mon attente. Je dois partir pour l’oubli. Mon existence n’a plus d’avenir. Mon peuple peu à peu m’oublie.

Sentier en pente jusqu’à la plage. Sable froid. J’ôte ma robe blanche. Derrière le brouillard d’automne, masqués, les flots si longtemps scrutés, en vain. Vaguelettes glacées sur mes orteils. Effleurement délicat. La Mer scintille sous la Lune. Je m’avance au sein des flots. Sur mon corps les algues vertes sont autant de bijoux.

Soudain surgi de la brume, un bateau à large voile noire de deuil me frôle et se dirige vers le port. Saisie d’un vertige glacé, je plonge vers les profondeurs où les souvenirs s’effacent, où, j’en suis sûre désormais, je vais retrouver mon âme sœur.

Publié dans Ecrits-Visions

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M
Oui, je reviens chez toi pour te rendre tes félicitations. Tes textes me transportent dans un univers magique bien proche parfois de l'univers celtique (du moins celui retransposé dans certains romans)... Mais on pourrait aussi être en Atlantide ?
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